Quelques lignes sur ma course de dimanche dernier, le Roc Laissagais, une course VTT marathon qui fait partie des marathon series UCI.
Aveyronnaise d’origine, j’avais forcément toujours entendu parler du Roc Laissagais, et cette course était dans un coin de ma tête. Habituellement, je fais plutôt des courses d’endurance en montagne (rien que l’an dernier : Transvésubienne, Ultra Raid de la Meije, etc), avec peu de concurrentes féminines. Je voulais me lancer dans des marathons VTT cette année pour me mesurer à ce type de course et à une concurrence accrue ! La semaine précédent la course, mon emploi du temps ne devait pas me permettre de venir à Laissac… mais mon dimanche se libère ! Ça sera donc une inscription de dernière minute.
Beaucoup de doutes avant le départ
Arrivée à la maison samedi, je dois pour la première fois de ma vie refuser un confit de canard de ma maman ! Gros sacrifice… mais je le réclame un pique nique pour le lendemain au soir 😛
A la veille de la course, mes sentiments sont mixés. Il a plu toute la journée et le terrain va être détrempé. Je mesure enfin que 70km et 2800m de dénivelé annoncé, ça va prendre un peu de temps… Décidément, je suis entraînée, prête physiquement, mais je ne suis pas prête mentalement. Je n’arrive pas à me projeter en course le lendemain : LE Roc Laissagais. Tant pis, ce qui compte pour moi au départ, c’est de faire une belle course en Aveyron, de voir ce qu’est un marathon et de partager ce moment avec mes parents !
Sur la ligne de départ, de nouveau, je prends peur. Je me retrouve en première ligne avec les autres femmes qui courent le marathon 70km, ce sont des habituées. Moi, je ne sais pas quoi attendre de ce format de course que je ne connais pas. Je suis sur une course UCI et j’ai vraiment l’impression d’être débutante et différente… Exemple : la seule fille au départ avec un sac à dos. Allez Mathilde, t’as déjà fait des épreuves d’endurance, de la longue distance en VTT, t’as juste une expérience différente. Et ton sac, ben t’as déjà fait tes preuves avec, ce n’est pas ça qui va t’empêcher de rouler.
La course est lancée… de la boue mais du roulant
Le départ est lancée, les hommes qui font la course en open partent 2 mètres derrière et nous dépassent en quelques secondes. Je m’attendais à des fusées, mais le rythme est moins soutenu que dans mes cauchemars, ouf ! Cela signifie bien que la course va être longue ! Heureusement, j’ai bien écouté les conseils du coach : après un bon échauffement, je suis partie en court (cuissard maillot manchettes), moi qui ait toujours froid, avec la peur au ventre de finir congelée. Après 500m je remercie intérieurement Ronan, il ne va pas faire froid !
Rapidement, on fait l’expérience de la boue. Ca colle, ça glisse, je dois même pousser le vélo sur un passage trop retourné… Sur certaines courses, je trouverais ça normal ces moments de poussage mais là… non… je ne pense pas que ça soit classique sur un marathon ! Je dois être la seule entraînée ! On passe dans d’énormes flaques, boue et eau marron, c’est bien du VTT ! Il va falloir économiser le matériel pour éviter les ennuis mécaniques : une course comme ça, ça peut être douloureux pour un vélo. Malgré tout, le terrain est plutôt bien roulant par rapport à ce dont j’ai l’habitude. C’est super agréable à rouler et je comprends que sur du sec, ça peut aller très très vite.
Je suis en forme aujourd’hui, je me rends compte que j’ai les jambes comme on dit chez les cyclistes. Mon objectif est donc clair : gérer la course jusqu’au bout et donner le max sans me cramer. L’effort est continu, il n’y a pas de répit.
Encore une belle rencontre
Rapidement je repère une fille que je suis de près. Elle me distance très légèrement dans les montées puis je reviens en descente. Je me rends compte que sur les descentes, je suis plutôt avantagée, le privilège de rouler dans le 06. Je m’accroche, je la garde des yeux, ça me motive. Comme on finit par se suivre de près, elle me dit un mot. Waw, sympa, bon esprit, je n’aurais pas attendu ça sur une course d’un tel niveau. Il s’agit en fait de Pauline Sabin-Teyssèdre, cycliste bien connue en Aveyron et au-delà de par son beau palmarès. Et sympa en plus de ça ! C’est ça que j’aime aussi sur de type d’événement, pouvoir rencontrer des personnes d’exception et apprendre à leur côté !
A la deuxième zone technique, je passe devant mon papa venu me voir. C’est une grande fierté pour moi de rouler dans ces paysages dont je suis nostalgique, proches de Gabriac, le village d’enfance de mon père, où on passait nos weekends et nos vacances. Un peu plus loin, Pauline m’apprend qu’on est 4 et 5èmes, il faut donc s’accrocher car le podium est jouable ! C’est la surprise pour moi, et bien entendu cette nouvelle me booste bien. On continue la course au contact, avec parfois l’impression pour moi de retrouver les sensations d’une équipe, comme sur la Alps Epic avec Aurélie. En connaisseuse du parcours, Pauline me glisse un mot quand elle peut pour m’annoncer les difficultés, c’est d’une grande aide. Je gère la course comme à mon habitude. Je m’alimente et m’hydrate régulièrement pour ne pas me retrouver en difficulté et parvenir au bout sans craquer.
Un final plein d’émotions !
Vers la fin, le parcours est plein de montées raides dans la boue et de continuelles inversions de pente. J’ai du mal à anticiper le changement de vitesse, alors je perds du terrain sur Pauline.
Dans la descente, je la rattrape mais un peu plus vite que prévu. Il doit y avoir quelque chose qui ne va pas. Effectivement, elle vient de subir 2 chutes et se rends compte qu’elle a crevé de l’avant. Persuadée qu’elle va réparer, je lui demande si elle a ce qu’il faut et je lui propose mon kit de réparation. Non, elle continue sur la jante, ce qui lui fera surement perdre moins de temps… Mais même sur du plat, le trajet va lui sembler bien long… On est à moins de 10km de la ligne d’arrivée, je suis déçue pour elle car elle méritait cette troisième place. C’est une concurrente mais je m’échappe en ayant le sentiment d’abandonner une équipière.
J’arrive dans Laissac, alors ça y est, je vais finir 3ème d’une course UCI ??! Et avec ma famille à l’arrivée en plus, en Aveyron ? Les larmes me montent aux yeux, je n’aurais jamais osé rêver de ça !
Un podium UCI inattendu !
J’ai du mal à réaliser encore, je n’étais pas venue chercher ça ce dimanche ! Le podium dans la salle des fêtes est un moment magique. Je porte fièrement les couleurs de mon club et savoure cet instant. Je suis sur la troisième marche, et ça se voit que je ne suis pas une habituée. Mais quel moment d’émotion, quelle fierté !
Petit à petit dans la semaine, je prends la mesure de ce que je viens de faire. Et oui, pour une fois, je suis très fière de moi ! Je suis tombée amoureuse de ce format, je reviendrais à Laissac et surtout, c’est maintenant sûr que je vais refaire des marathons VTT d’ici la fin de l’année ! Mon calendrier vient de changer !!
Je tiens à remercier toute l’équipe du Roc Laissagais, tous les bénévoles impliqués, vous faites un super boulot. J’ai adoré retrouver l’esprit aveyronnais de convivialité tout en simplicité, vous avez là une magnifique organisation.